Assumer la maternité d’une fanfare

par Isaac Barbarit et Cathelle Cichy – printemps 2025

De non-sachants de la musique à président(e)s d’une fanfare il n’y a qu’un pas. Ou comment rythmer nos années d’architecture aux sons de la fanfare, du plaisir de participer au plaisir d’organiser.

Une grande famille de fanfarons — © Cathelle Cichy

La fanfare des Durs à cuivre, emblématique association de l’ENSA, existe depuis près de 14 ans. Elle incarne une véritable histoire de famille, de générations, de rencontres et de transmission. Elle a pour vocation de rendre la musique accessible à tous : des étudiants qui n’ont jamais touché un instrument (comme nous), aux vieux diplômés qui s’ennuient dans leur agence.
La fanfare est une véritable petite école de la vie, à laquelle nous tenons profondément et que nous allons essayer de vous compter ici.

Ce que la fanfare nous a offert

Un ffffun apprentissage de la musique.
Yzak
Le premier jour à la répétition des durs à cuivre je trouvais tout très grand et je me sentais très petit. On m’a donné une trompette et d’un revers de l’œil j’ai vu quelqu’un aussi perdu que moi : Ktel, je ne le savais pas encore mais c’était le début d’une grande aventure.
Ktel
Je suis arrivée à la fanfare par curiosité. Rapidement happé par l’ambiance, j’ai voulu y rester, mais pour ça, gros problème il fallait jouer. J’ai rapidement trouvé un équipier de galère en la personne d’Yzak. Pendant longtemps on a joué n’importe quoi, d’ailleurs on ne le dit pas trop mais ça nous arrive encore. Apprendre avec aucune base ça demande un sacré temps de travail, l’acceptation d’avoir un niveau équivalent maternel en musique et une bonne dose d’apnée des tympans pour se parer à toutes nos fausses notes. Oui la fanfare c’est amusant, mais faut un certain courage pour y rester.
Isaac
Après un an entouré de cette foule bouillante d’amis, on pouvait maintenant se produire sereinement. Armés de nos trompettes, on a fait les 400 coups comme Timon et Pumbaa, Bonnie and Clyde ou encore Tintin et Milou. Peu à peu, nous avons peu à peu délaissé nos exigences musicales pour nous concentrer sur l’essentiel : transmettre de l’énergie et de la bonne humeur. Nos répétitions se mirent rapidement à ressembler à un clip musical douteux. Ces heures passées ont porté leurs fruits, on a renforcé notre corps et notre esprit jusqu’à réussir à intégrer le Cirque du Soleil. Nos prouesses acrobatiques nous ont permis de gagner la confiance du groupe et nous voilà maintenant président(e)s depuis juillet 2024.

Les Durs en terre de fête, Le Warehouse Nantes — © Jules Balzarini
Ce qu’on veut rendre à la fanfare

Diriger et transmettre pour faire perdurer à jamais cette joyeuse bande
Pour faire tourner la fanfare il nous faut chaque année des logisticiens… On en arrive à notre engagement.
Notre statut implique des obligations d’organisation mais aussi une liberté de propositions.
Administrativement le travail consiste à gérer les statuts, les comptes, les subventions, les contrats. En parallèle on s’est donné comme mission de mettre le paquet sur l’intégration des petits nouveaux pour gonfler les rangs de l’amphi 150. On a donc tenté d’organiser un maximum d’événements que ce soit à l’école (Archiculture, fake liste BDE…) ou en dehors (carnaval de Nantes, open de Mölkky). Et on a bien l’impression d’avoir réussi notre coup, on a vidé les rangs des autres associations. Si en septembre on était 10 en répétition, aujourd’hui on tourne autour des 30 chaque jeudi, nos excuses à la voisine. Cet effectif nous a causé quelques soucis logistiques. Il fallait trouver un instrument pour tous. Le conteneur s’est donc entièrement vidé de ses anciennes boîtes, il a même fallu acheter des nouveaux instruments. En revanche le Baryton à 3000 euros attendra encore l’année prochaine, faute de moyens. Il a attendu 12 ans, il pourra bien attendre 13 ans.

Musicalement, l’année a commencé par la transmission de la trompette aux nouveaux arrivants grâce à nos quelques compétences durement acquises. Ayant traversé les mêmes épreuves on s’est vite reconnu en eux et c’est avec plus de facilité qu’on a pu les aider. Mais pour confirmer cet apprentissage et toujours fédérer le groupe il nous faut à présent organiser notre annuel stage intensif de fanfare : Nous nommons les vacances à l’île de Ré, avec un modèle économique en cycle fermé : jouer, gagner de l’argent, acheter, manger, se loger et rejouer… Voilà comment notre année va se terminer.

Les Durs à cuivre à l’ïle de Ré